SOLSTICE, NOËL, NAËL, LUMIÈRES, HANNOUCKA OU QUAND SACRÉ , PAÏEN ET PROFANE SE DONNENT LA MAIN


Solstice, Noël, Naël, Lumières, Hannoucka ou... quand sacré, païen et profane se donnent la main...

Patrice Hernu - 22 Décembre 2018 

Je lis sur de nombreux posts que la fête de Noël serait "païenne", reprenant ainsi le vocabulaire des premiers papes en pensant jeter un regard laïque sur cette fête. De la même façon, chacun veut voir dans le mot une origine soit chrétienne soit symbolique. La vérité est sans doute là encore ailleurs. Certains se sont interrogés sur l’image égyptienne réalisée par un ami cher. Au-delà de l’inutile polémique sur la crèche dont mon ami Henry Chabert avait si bien analysé le symbolisme, au-delà des réactions culturelles de chacun, que je comprends, au bout du compte, il ne reste que l’universalisme qui habite chaque culture religieuse. Patrice de la Tour du Pin, grand poète, commence sa “Quête de la Joie” par le rappel que les pays sans légende sont condamnés à mourir de froid. Qu’on y croit ou pas, seule la foi compte et la joie partagée. Ne voyez rien d’autre dans cette reprise à peine modifiée d’un texte commis il y a presque vingt ans pour la première mouture.

Au moment où le soleil est au plus bas, on fêtait en Europe la renaissance tant attendue de la nature et l'espérance de vie nouvelle. Bien avant l’époque romaine dont l’écho des Saturnales nous est parvenu. Les autres régions du monde fêtaient également le solstice d’hiver à leur façon. Ainsi, dans le culte mithriaque, la fête la plus importante - le Mithragan - se déroulait chaque année le jour du Solstice d'hiver, jour célébrant la naissance de la divinité et la victoire de la lumière sur les ténèbres.


Mithra serait né « jaillissant du rocher » ou d'une grotte - élément éminemment lié au culte de toutes les divinités - tandis que des bergers assistaient à cette naissance miraculeuse. Il paraît tentant à première vue de voir dans ce récit des éléments transmis depuis des influences voire des sources communes, celles qui façonnèrent le récit de la naissance de Jésus pour l'adapter aux thèmes dits païens. Ce n’est pas si simple ! Les historiens pointent des traditions beaucoup plus anciennes, d'origine mazdéenne, présentant la mère de Mithra -Anahita (ou Anahid) - comme vierge. En fait, il faut aller chercher encore plus loin. Il est maintenant établi que l’Église de Jean pratiquait déjà, dès avant la naissance de Jésus, l'Eucharistie, le partage du pain et du vin et toute une série de "rituels de partage" que vulgarisa l’Église de Jésus. 

Il est de ce fait assez logique que ces célébrations conservent sous forme de légende allégorique une tradition symbolique primordiale de plus haute volée. Ainsi, dans le culte mithriaque encore fortement développé dans l'empire gréco-romain aux 3e et 4e siècles, le 25 décembre correspondait à la célébration du Natalis Invicti, la renaissance du soleil invaincu qui reprend ses forces et fait regagner le jour sur la nuit, après que sa course vers un coucher de plus en plus méridional se soit arrêtée. Gestation pré-solsticiale, solstice, renaissance du nouveau (neo) soleil, autant de dates distinctes qui indiquent l’accent spirituel mis sur tel ou tel aspect du cycle selon les traditions et les spiritualités.

Cette « trace » fait apparaître deux éléments intéressants, le nominatif « natalis » d’une part qui sera plus tard assimilé à la « nativité » et le concept de lutte du soleil contre les ténèbres et sa renaissance, lequel vient tout droit du dispositif de l’Égypte ancienne. Qui superpose la lutte de la part de Râ “que les ténèbres ne sauraient arrêter”, après la bataille décisive de la septième heure de la nuit sur le calendrier solaire et zodiacal. Au solstice d’hiver, la nuit est la plus longue et la septième heure de l’année est la plus difficile dans la lutte entre la lumière polaire et celle du corps asséché du serpent Apophis. La septième heure, celle de Saturne, celle qui projetée dans la semaine donnera Shabbat ou Saturday, celle du hiéroglyphe SPDT.

Dans le Judaïsme primitif né également plus tard en Perse à Babylone où se sont réfugiés une part des prêtres à l’origine d’obédience égyptienne, la fête de Hanoucca célèbre elle-même la victoire des lumières et commémore dans la légende juive actuelle la ré inauguration du Temple de Jérusalem profané. Elle, a été fixée au 25 du neuvième mois lunaire, nommé Kislev dans le calendrier hébreu au voisinage du solstice d'hiver. Le repère par rapport au mois lunaire s’étant substitué aux dates réelles du solstice dans les traditions religieuses « séparées » (sephara). Comme ce sera également le cas pour les dates musulmanes qui vont faire dériver les débuts d'année au besoin de faire coïncider la légitimité spirituelle avec la superposition prophétique moderne. Les serviteurs sortis d’Égypte n'ont pas fait autrement en compilant progressivement l'Ancien Testament...

Qu’il s’agisse du soleil vainqueur des ténèbres ou des superpositions de sa propre histoire plaquée sur le mythe primordial pour en assurer la légitimité, mythe de « l’invictus », ou des traditionnelles représentations de la Vierge à l'Enfant qu’on retrouve dans toutes les religions exotériques issues de la Perse et de l’Inde, voire de la Chine dont la trilogie primordiale puise en fait aux mêmes origines, la source la plus lisible et encore accessible est sans conteste possible égyptienne. Dans un cas, c’est une transposition du mythe de Râ et dans l’autre les représentations des enfants nés du souffle puisent leur origine dans ladite déesse d'origine égyptienne Isis allaitant Horus enfant et dans les mythes sumériens sumériens équivalents. « Ladite », car ce sont les passeurs de temps et les religions qui en ont fait une déesse qu’elle n’était peut-être pas à l’origine. Marie, pleine de grâce, est de ce fait, souvent représentée noire dans les premiers temps. Le mythe de Rémus et Rémulus, fait d'une figure cachée de Janus ou Jean, les fils d'un père improbable. Autre histoire. Autre exotérisme. Autre transposition et superposition de légitimité. Autres motifs "impérieux".

Est-ce cette figure de Jésus qui gène tant, jusqu’aux chrétiens eux-mêmes dans ce débat sur le paganisme supposé de Noël.

Jésus, figure symbolique Issa, fils d’Isis, ou fils de la “nouvelle Eve” comme l’annonce l’Ancien Testament : “la mère du messie, la nouvelle Eve, écrasera la tête du serpent”. Difficile de ne pas y voir Isis écrasant à l’Aube la tête d’Apophis quand l’étoile polaire, Septa, va avaler les 7 étoiles de la Grande Ourse au lever imminent du Soleil, après que la part inatteignable de sa lumière “se soit ressourcée au septentrion de l’Egypte et de la Mer”.

Quant à Jésus, il sort donc directement non d'une religion populiste mais d'une initiation à la tradition authentique. Mais, cet immense projet le fera rejeter par le Sanhédrin ; il veut « rectifier » les religions du temple et restaurer en acte ce à quoi Jean l’a initié. C’est le retour au Yod (prêtre égyptien), la fidélité à sa Youdée natale (Aude) et en même temps, c'est une grande nouveauté : concilier la pratique spirituelle du plus grand nombre avec la transmission jusqu'à présent réservée aux fils de la Lumière. Celle qui du fait de l’invasion perse avait fait se réfugier les prêtres égyptiens, hébreux, galiléens dans le secret des temples avant que le dieu de la Torah ne leur soit imposé par les grecs.

Qu'est-ce qui conduit l'Eglise de Jean à développer les loges esséniennes pour tenter cette réconciliation avec la part du clergé qui leur semble la plus légitime exotériquement par rapport à la tradition primordiale ? Nous en sommes réduits à des conjectures même si dans les rouleaux des Qram, le projet apparaît clairement.

Pourquoi en acte ? Pour la même raison. Tout simplement parce que la transmission par l’image et la parole a été instrumentalisée par des religions au service des États naissants. Il porte une parole de conversion de la parole à l’acte. Ce pourquoi on parle des « Actes des Évangiles ».
Le projet échoua et une grande partie de l'histoire se noua à cet instant. La 19ème sourate du Coran tente d'expliquer ce divorce malgré les volontés conjuguées de Jean et de Jésus. Deux prophètes dont les ressemblances sont si nombreuses qu’elles sont à l’origine de nombreuses interrogations. Le prophète reprendra ce projet avec le même insuccès et finira sous les quolibets des gardiens du temple par détourner la quibla de Jérusalem à la Mecque. La nuit pour prier, pour se ressourcer, les prêtres égyptiens se tournaient vers le septentrion, devenu Youdée (Iaudea) après l’exil de Jérémie. Autre temps de la même histoire qui se poursuit aujourd'hui entre chiites et sunnites, entre musulmans et chrétiens, entre les juifs et les autres.

Réunir ce qui est épars, retrouver l’universel au-delà des déchirures de l’histoire ?


Et donc Noël, pour y revenir et ne pas allonger inutilement cet exposé qui s’adresse à tous, croyants ou non, chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes ou agnostiques, contrairement à la légende construite par une vision positiviste naïve, n'est pas qu’une fête païenne. L’Histoire progressivement mieux revisitée nous apprend la continuité entre les grandes traditions spirituelles. D'ailleurs le vocable « païen » est à prendre avec beaucoup de précaution.

Pour certains, le mot vient de paganus signifiant civil. Pour d'autres, il vient plutôt de paganus signifiant paysan. Pour certains sémanticiens, ces origines sont communes et ce terme signifierait « qui n’a pas été reçu » « qui n’a pas été initié », littéralement qui n’a pas été autorisé à franchir la porte » de la lumière, ou tout simplement qui n’a pas reçu l’instruction spirituelle de base à laquelle étaient, notamment dans l’Égypte ancienne, dans ces immenses « gymnases », soumis tout ceux qui voulaient accéder à une charge nécessitant de recourir à la parole ou à l’écrit.

Cette distinction remonte à l’apparition de l’écriture consonantique dont les Égyptiens ont livré des « cartouches » civils destinés à l’éducation du plus grand nombre. Les ordres liturgiques sont associés aux ordres professionnels « acceptés ». Restaient les paysans et les civils, les laïcs en quelque sorte. Quand la nouvelle spiritualité qui naît alors de l’écriture, se développe, les païens sont considérés avec un certain dédain. Et notamment les religions sans transcendance. C’est le fait d’écrire la spiritualité face aux représentations de la nature qui donnera ultérieurement son sens religieux actuel à cette séparation. Car, il a fallu s’arracher aux vieux comportements. C’est toute l’histoire du judaïsme, du christianisme et de l’islam : arracher le peuple à une part de ses traditions pour une nouvelle étape de l’évolution spirituelle. Mais les mots ont bien changé de sens par la force de l’évolution naturelle et de la séparation progressive de la connaissance et de la science, comme des Églises et de l’État, après que les versions les plus populistes des uns aient abusé de l’instrumentalisation des autres.

Il existe donc un certain manichéisme de la pensée à opposer le christianisme qui l’a théorisé (Théodose 1er) et plus généralement les religions révélées du Livre au paganisme ! « Ce concept de « paganisme » auquel se réfèrent nombre de nos contemporains en Occident, recouvre l'ensemble des religions naturelles, c'est-à-dire basé sur le culte de la Nature, ou Cosmos, réalité englobante sacrée d'où proviennent les Dieux et les hommes et au sein de laquelle Dieux et hommes évoluent et se rencontrent dans un rapport différencié, mais en l'absence de toute transcendance ou de tout commencement absolu. Les Dieux et les autres entités spirituelles sont immanents au monde et à l'homme qui participe souvent d'ailleurs de ce domaine sacré par son origine ou une part de sa constitution. » Cela relève de la représentation et non du Verbe et de l’Écriture.

De fait, le manichéisme de cette opposition est exagéré. Les représentations sont pleines de simplifications pédagogiquement utiles qu’il faut ensuite dépasser. Quitte à choquer certains croyants, il en est de même du dieu unique, de la Trinité, du dualisme du bien et du mal, etc. Toujours est-il que cette construction de la spiritualité écrite repose sur deux pieds : un pied symbolique et un pied oral. Certaines traditions dites à tort « païennes », une fois expurgées des dieux de la représentation naturelle, redeviennent, à l’état pur, des symboles universels de la spiritualité. Quant aux traditions « institutionnalisées », elles ont une tendance naturelle à réintroduire des dieux là où il n’y en avait pas au départ. Bouddha, Moïse, Jésus et Mahommet qualifient chacun de blasphème le plus total de les prendre pour des dieux : nul n’a échappé à cette déification dans les religions qu’ils ont engendrées.

C’est pourquoi les églises, pour échapper à cette sclérose de la mémoire des mots dont le sens change sans qu’on s’en aperçoive, ont intégré ou réintégré les « sources vives » de la tradition. La tradition se survit par scissiparité !

Tel est le cas des traditions touchant aux solstices et aux rites de passage (Pâques, de l'hébreu Pessah « passage »).

On sait que Jean est également associé aux portes du temple et du temps (« Janus/Anus » « Janvier/Année » de l’Égyptien-Araméen « passage », la porte – jana en latin- ). Dans cette tradition, il y a donc des portes symétriques et une porte étroite unique, antisymétrique en quelque sorte.

« La » Noël n’a donc rien de païen au sens actuel du terme.

En revanche, quand, en 354, le pape Libère fixe la fête commémorant la naissance du Christ au 25 décembre pour promouvoir l'essor du christianisme et remplacer les fêtes populaires célébrées autour du solstice d'hiver, il ne fait que faire coïncider le mythe chrétien aux allégories populaires déjà en vigueur (depuis Constantin déjà), elles-mêmes issues de légendes et cultes populaires en fait postérieures à la tradition spirituelle dans laquelle s’inscrit le christianisme primordial du Johanisme hérité des mystères égyptiens.

Ce faisant, il crée une confusion symbolique entre les solstices (Jean et Jean) et la naissance et la mort de l'incarnation (la Pâque), duales mais confondues : tout retourne à tout, ce qu’on appelle un espace de Sitter dans la physique fondamentale des origines.

Une part de cette confusion est volontaire. Elle permet de récupérer les vieilles croyances populaires et d’installer le christianisme dans les habits des religions à spiritualité perdue tout en réglant une querelle théologique de première importance puisqu’elle est sans doute à l’origine de tous les schismes. Quel est la place de Jean par rapport à Jésus ? Ce n'est pas seulement une question de légitimité historique de Maisons dont on trouve le reflet contemporain dans l'opposition des Orange et des Stuarts par exemple. Ce débat sépare la conception de la naissance et au-delà de la projection anthropique, le point zéro de la création - l'actuel Big Bang, voire ce qui le précède- du début de la création, bref ce qui, théologiquement, sépare le Verbe de Dieu.

Dans l'épisode christique, quel est la place de celui qui venu de l’initiation primordiale héritée de l’autre part des prêtres égyptiens a transmis à Jésus la « Loi » tout en disant ; « Il faut que je diminue pour que tu grandisses ». On discutait encore à cette époque de l'opportunité d'introduire dans le Canon l’Évangile du Jean évangéliste qui, redevenu héritier institutionnel de l’Église Johannique après la mort du Christ, reprend l’entreprise de « rectification de la tradition » face à l’entreprise populiste de Paul. Et Jésus vient ainsi prendre la place de Jean dans le calendrier. Était-ce utile à défaut d'être légitime ?

Jésus n'est-il pas symboliquement le messie, le médiateur, celui de l'équinoxe, à mi-chemin de la nuit et du jour, y compris dans la précession des équinoxes justement, tel que les prophéties, à la tombée de la nuit du Poissons, l'annoncent ?

Le mot Noël ne vient pas seulement en effet de l'évolution phonétique de nael par modification vocalique du latin natalis, « relatif à la naissance » (et disparition du "t") , comme on le prétend aujourd'hui le plus souvent, mais tout simplement de Néo Hél (ios) : quand il y n'y a plus de soleil ou quand le soleil est au plus bas, bref le solstice d'hiver qui annonce le nouveau (neo) soleil (helios) ce qui, comme dans toutes les traditions le rend invaincu (invictus).


Comme l’Église a souvent procédé, un jeu de mot conforme aux pratiques les plus anciennes, une superposition symbolique, a été plaqué sur une signification plus naturelle. Mais, dans le cas présent, la confusion s’était en réalité déjà faite dans les mythes populaires notamment via le mithraïsme… Il n'y a donc pas de véritable opposition entre la thèse de l’Église romaine et l'opinion des linguistes. En fait, le syncrétisme populaire se construit sur des télescopages sémantiques qui ne se seraient pas produit s'ils n'avaient coexisté. Mais le mot "syncrétisme" ne saurait en aucun cas s'appliquer au corps vivant de la foi. Les superpositions spirituelles ont un sens. Bref, le "t" de natalis n'aurait jamais disparu si neohelios n'avait aspiré cette évolution.


Il a donc en fait suffi d’entériner un usage qui arrangeait tout le monde, sans manipulation en fait, le peuple et le Pape contre les prétentions orientales de reconnaissance du rôle de Jean qu’on retrouvera cité 19 fois dans la 19ème sourate clef du Coran qui livre les clefs de cette bataille au sommet de la théologie spirituelle.

La manœuvre était d’autant plus aisée qu’aucun texte chrétien ne précise quel jour de l'année est né Jésus-Christ. Dans une allocution du 16 décembre 2004, Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d'Arras explique le choix de l’Église :

« Les évangélistes dont un sur quatre seulement propose un récit de la naissance de Jésus étaient bien incapables d’en situer la date exacte. Excellente pédagogue, l’Église, en Occident, a fixé en 353 la célébration de Noël au moment de la fête païenne du solstice d’hiver. Le signe est magnifique. Les rayons du soleil sont au plus bas de leur déclin. Progressivement le jour va s’imposer à la nuit. La lumière va triompher. Le Christ naissant est alors loué et accueilli comme la lumière qui brille dans les ténèbres, comme le jour qui se lève sur l’humanité engourdie et endormie. Il est le jour nouveau qui pointe à minuit. »

Que la lumière brille dans les ténèbres tandis que le soleil est au plus bas, car c’est une lumière intérieure, soit. Mais disent les Écritures ?

Peu après la naissance de Jésus, des mages venus d'Orient –- ont suivi une étoile qui les a menés jusqu'à Jérusalem. Quelle pouvait bien être cette étoile ? Quand, Jésus est-il né ?

Nous ne discuterons pas ici les termes « mages venus d’Orient », Gaspard, Melchior et Balthasar qu’on dira par la suite de peaux respectivement blanche, orientale et noire. Cela prend également ses sources dans le mythe d’Isis. D’après le Saint des Saints chiite, ils sont venus de Kashan en Perse où seraient toujours cachés certains textes anciens donnant les clefs de ces symboles.[6]

Plusieurs indices nous sont en revanche donnés par le texte des Évangiles.


Premier passage, tiré de l’Évangile de Matthieu :

Après que Jésus fut né à Bethléem de Juda, alors qu'Hérode le Grand était roi du pays, des mages venant de l'Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître, nous avons vu son étoile se lever et nous sommes venus lui rendre hommage ?" 

A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé et tout Jérusalem avec lui. Il réunit les chefs des prêtres et tous les docteurs de la loi en Israël et s'informa de l'endroit où devait naître le Messie. "A Bethléem de Juda, répondirent-ils car le prophète Michée a écrit : "Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n'es certes pas le moins important des chefs-lieux de Juda, car c'est de toi que sortira le chef qui sera le berger de mon peuple Israël".

Évangile de Matthieu. Chapitre 2, versets 1 à 6 d'après la traduction de Pierre de Beaumont
 

Ce texte nous dit que Jésus est né alors qu'Hérode le Grand était roi du pays (des juifs). Or Hérode le Grand a régné de 714 à 750 de Rome (comptez à partir de la fondation de Rome) c'est-à-dire de 40 à 4 avant Jésus-Christ d'après la date retenue par Denys le Petit au VIème siècle. Tout porte donc à croire que cette date est erronée.

En quelle année est réellement né Jésus ? 

Un deuxième indice nous est donné par le texte de l’Évangile. Des mages (des astrologues) venus d'Orient déclarent avoir été guidés par une étoile à son lever. Nous avons demandé à un spécialiste de l’astronomie d’essayer de déterminer quel événement céleste, entre 40 et 4 avant J.C., a pu guider les mages.

Écartons d’abord deux hypothèses.

Première hypothèse : Pour fêter la naissance de son fils, Dieu lui-même aurait créé une étoile de toutes pièces et l'aurait placée dans le ciel pour guider les mages. Pourquoi pas, mais soyons lucides ! Cette hypothèse relèverait d’une conception duale de l’univers en totale contradiction avec l’esprit des écritures. Non seulement elle suppose que Dieu a forme humaine pour avoir un fils. Beaucoup de vrais croyants considèrent, à juste titre de mon point de vue, que cette conception est obscurantiste. Or, cet évènement de lumière ne peut être que « consubstantiel à l’esprit de lumière et de raison » et non relever de la magie ! 

Deuxième hypothèse : Cette étoile serait une super nova, une étoile en fin de vie qui a explosé en projetant une forte lumière. Hypothèse intéressante. Une super nova est apparue dans le Capricorne en 4 av J.C. mais les mages disent avoir vu cette étoile se lever et non pas apparaître en plein ciel. Ils l’auraient également suivi. Quant à la l'hypothèse proche d'une comète (Halley ou autre), la science l'a réduit à néant. 

Il ne reste donc, a priori, qu’une troisième hypothèse : il s’agit d’un événement naturel. Cette étoile aurait pu ainsi être constituée de la conjonction très étroite de deux planètes brillantes[1]. Deux planètes assez proches l'une de l'autre pour que leurs lumières se confondent donnant l'impression qu'il s'agit d'une seule étoile bien plus brillante que les autres et jamais observée jusqu'alors. 

Or, d’après les calculs astronomiques (que chacun peut reproduire avec un logiciel adéquat), une telle conjonction s'est bien produite, en 7 av J.C., entre Jupiter et Saturne. On pouvait la voir se lever à partir du mois d'avril et cela a duré toute l'année pour atteindre le plus faible repère angulaire géocentrique (le rapprochement le plus étroit vu de la Terre) le 16 septembre. Pour mieux nous situer dans le temps, la dénomination actuelle des mois est utilisée. Cette hypothèse semble la plus plausible puisque l'empereur Auguste avait ordonné un recensement en 8 av J.C. C'est pour être recensé que Joseph et Marie se sont rendus à “Bethléem”... 

Un deuxième indice concernant la saison nous est donné par l’Évangile de Luc : 

Aux environs, les bergers dans les champs passaient les veilles de la nuit à garder leurs troupeaux. Évangile de Luc. Chapitre 2, verset 8 d'après la traduction de Pierre de Beaumont Ce verset nous donne un indice important concernant la saison à laquelle est né Jésus. Les bergers restent avec leurs troupeaux dans les champs tout au long de l'année mais il est inutile qu'ils veillent chaque nuit. Les brebis dorment ou paissent paisiblement à quelques pas d'eux. Ils n'ont pas de grandes inquiétudes à avoir. S'ils veillaient ce soir là, c'est parce que l'action se déroule au printemps. Au moment où les brebis mettent bas. Les bergers doivent être prêts à tout moment pour aider les mères à mettre au monde leurs petits. Les brebis peuvent mourir au cours de l'accouchement si le berger ne les aide pas expulser rapidement le nouveau-né. « Dieu » ne pouvait choisir un meilleur moment que celui-ci pour la naissance de son Fils qui plus tard sera appelé "Agneau de Dieu". 

A la vue de ces textes nous pouvons donc supposer que Jésus est né au printemps, sept ans avant la date présumée de sa naissance. Quant à savoir ce qui a guidé les mages jusqu'à Bethléem [2][6], cela reste encore un mystère [3]. Peut être avaient-ils connaissance de certains textes bibliques anciens comme les prophéties d'Esaïe qui annonçaient la naissance d'un roi puissant en Judas. Une étoile si brillante ne pouvait être que le signe de la naissance d'un haut personnage, leurs cadeaux en sont le signe. L'or (pour le roi), l'encens (pour le prêtre) et la myrrhe (pour le mortel)... 

Selon certaines théories, Jésus se serait livré volontairement à ses bourreaux à Jérusalem la semaine de Pâques, il est fort possible qu'il se soit livré le même jour que celui de sa naissance soit la veille ou l'avant veille de la Pâques juive... Probablement de l'an 30-33 Ap. JC. Dès lors Jésus pourrait avoir eu entre 37 et 40 ans et non pas 33 ans comme généralement admis... Il avait vraisemblablement 40 ans, le temps de son exil sur terre comme la Tradition l’avait annoncé, le temps où « les cieux s’entrouvraient [4] ». 

Souvent dans les textes anciens, l'année zéro n'existe pas, ainsi -6 avec le zéro c'est -7 sans le zéro et le Christ aurait vécu 40 ans conformément aux prédictions de l’Ancien testament et ainsi que semblent le dire certains versets du Coran. Le logiciel utilisé par le physicien Michel Actis (Celestia) prend en compte l'année zéro pas les textes car le zéro n'avait pas encore été importé par les Arabes [5]... Dès lors l'année -6 dans le logiciel correspond à l'année -7 dans les textes... 

Il est intéressant de remarquer qu'au 21 mars de 7 Av JC, au lever du Soleil, il y avait trois planètes près de lui soit Saturne, Jupiter et Mercure, peu après on assiste à deux conjonctions : Mercure-Jupiter et Mercure-Saturne et le 29 Mars la Lune vient faire un passage dans ce paquet de planètes... (Graphique ci-dessous au lever de la Lune dans le ciel de Jérusalem)[7]. 

Voilà une belle hypothèse qui renforce l’idée d’une Tradition unique du Livre que nos mots et nos gestes reproduisent au fil des ans. 

Car, ce qui compte, ce sont nos actes. 

Que Jésus soit né ou non le soir de noël, de neo helios, que cette naissance soit réelle ou un acte symbolique venu de l'authentique tradition conservée dans les hautes vallées après l'écrasement définitif de la transmission égyptienne par Nabuchodonosor à Kardémich, comme elle nous reviendra à nouveau au début du 14ème siècle, peu importe. Cette fête, par son dispositif symbolique et traditionnel, "rassemble" des éléments que la mémoire avait dispersés entre les cultures "séparées" du millénaire précédent. Ainsi, elle redonne force et vigueur à des allégories perdues. Elle fait sens, universellement. Cette fête appartient à tous ceux qui ont la foi dans une humanité qui se "sauve" en tant qu'humanisme de toujours. 

Notes

[1] Cette partie du texte avait été écrite en 2000 bien avant que thèse ne soit reprise par d’autres et passablement écornée. En revanche, je l’ai publié intégralement en 2010 dans une version légèrement corrigée pour la première partie surtout. 

[2] Voir également la signification sémantique de Bethléem (on ne retrouve des villages du nom de Beth ou dérivés qu’en Septimanie occidentale) 

[3] Encore que nous avons pu attester que des mages marchant depuis les Hautes Vallées perses, au pas d’homme et de chameau, auraient été en permanence marchant dans la direction de cette conjonction jusqu’à Bethléem, à l’ouest de la Montagne de l’Étoile. L’Aude et certains lieux de Provence (Les Baux par exemple) sont les seuls lieux dans le monde où “mangeoire” se dit “crestia” d’où vient évidemment crèche et peut-être la tradition des santons (ce point est plus discuté). C’est aussi dans ces régions qu’on trouve les traces les plus tangibles du recensement ordonné par Auguste et notamment la présence à cet effet de la légion dirigée par le général Panthera (voir la polémique déclenchée par Celse à cet égard). 

[4] voir à cet égard les calculs astrophysiques de Garnier-Malet sur le dédoublement des temps qui correspondent à cette chronologie 

[5] En fait les Perses. Ces nombres semblent avoir la même origine que… le grec ! 

[6] Sur les Rois Mages venus de Kashan en Perse, les mentions historiques sont légion ! Exemple parmi de multiples : http://books.google.fr/books?id=HkcuXjg2XmsC&pg=PA71&lpg=PA71&dq=Kashan+rois+mages&source=bl&ots=9HMu0l3HpD&sig=lKuxhkw56VNnyPFAih3yj_FwTAo&hl=fr&ei=3_kUTduHGcKSjAfM4en1BQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CC0Q6AEwAg#v=onepage&q=Kashan%20rois%20mages&f=false 

D'ailleurs, le fait est rapporté abondamment dans la région au point que près de Kashan, lorsque Marco Polo y passe, en chemin, à Saveh, on lui montre trois corps momifiés, présentés comme ceux des Rois mages, Gaspard, Melchior et Balthazar. Ces "momies" existent toujours ! Peu importe qu'elles soient vraies. Elles témoignent que l'origine perse des Rois mages est attestée par une très vieille tradition. A deux kilomètres de Kashan, on trouve le jardin de Fin ou de Fine dont beaucoup pense qu'il EST le jardin des Hespérides, bref celui qui inspira la jardin d'Eden de la Bible. 

Google Earth coordonnées du Jardin de la Rose-Reine : 33.905186,51.440048 où se trouve la trace du passage des Hospitaliers de St Jean en 1309 et celui de Rosen-Kreutz (personnage allégorique et collectif comporté 7 chefs sur le modèle des Jean et de la Pléiade) venu bien plus tard tenter d'y retrouver une légitimité. Pour les curieux, ces traces se trouvent dans le carré dit "Le chapeau français"... Le jardin est en très mauvais état. 

[7] Voici le ciel théorique qu’ont dû, selon toute vraisemblance ou "symboliquement", apercevoir les rois mages quelques instants avant la naissance du “massiah”. 





Il n’est pas prétendu ici qu’ils l’ont vu, juste que c’était le ciel à l’heure et à la date que la tradition a choisie sans doute conformément à des prédictions astrales dont on trouve trace dès L’Égypte antique...