Plus
tard, vers 715 avant J.-C., Numa Pompilius perfectionna
l'organisation de la confrérie des pontifes dionysiens et il
constitua des collèges de constructeurs, chargés d'exécuter tous
les travaux publics. Ces fraternités laborieuses suivaient, dans
tout l'Empire, la marche des légions romaines, construisant des
ponts, des routes,des aqueducs, des camps retranchés, des villes,
des temples, des amphithéâtres, etc.
Au
troisième siècle de notre ère, Théophraste, dans sa « Vie
d'Apollonius de Thyane », déclare : « D'après les
traditions de la statuaire antique, les sculpteurs et tailleurs de
pierre voyageaient d'un bout é l'autre de la Terre avec les outils
nécessaires pour travailler le marbre, l'ivoire, le bois, l'or et
les autres métaux. La matière informe leur était fournie par les
temples qu'ils élevaient sur des modèles divins. »
Au
début du christianisme, on peut remarquer avec quelle indifférence
singulière les architectes byzantins et coptes se mettaient au
service tantôt des chrétiens, tantôt des musulmans. Tout c'est
passé comme si ces anciens artistes avaient adapté secrètement la
foi officielle aux doctrines architectonique païennes.
Un
peu plus tard, lors de l'apparition du style roman, de nouvelles
écoles d'architecture se constituèrent ; puis certains ordres
monastiques, notamment les congrégations de Cluny, furent appelés à
étudier la construction des édifices. Enfin, en raison de la
complexité croissante des techniques, les moines durent s'adjoindre
des laïcs, tailleurs de pierre, qui en Lombardie d'abord, formèrent
des associations particulières auxquelles on accorda des privilèges
spéciaux. Telle semble avoir été l'origine de corporations qui,
ayant puisé leur science à une même source centrale, obéissaient
à une même hiérarchie et dirigeaient leurs travaux selon les mêmes
principes qu'ils gardaient jalousement secrets. Cette maçonnerie
désignée comme « opérative », afin de la distinguer de
la nouvelle maçonnerie, essentiellement philosophique, appelée
« spéculative », persista sous diverses formes au XVIIe
siècle.
«L'ancienne
architecture sacrée étaient d'ailleurs essentiellement symbolique,
écrivait Oswald Wirth. Depuis le plan d'ensemble d'un édifice
jusqu'aux moindres ornements de détail, tout devait être ordonné
selon certains nombres mystiques et d'après les règles d'une
géométrie spéciale, connue des seuls initiés. Les figures
géométriques donnaient lieu, en effet, à des interprétations sur
lesquelles se greffait une doctrine secrète, prétendant fournir la
clef de tous les mystères. Or les constructions des cathédrales ont
prouvé, par leurs œuvres, qu'ils étaient instruits de ces
traditions philosophiques dont les alchimistes étaient simultanément
détenteurs. »
Avec
la Renaissance, les anciennes confréries de maçon « opératifs »
avaient connu la décadence de leur art. On ne bâtissait plus de
cathédrales ; on n'établissaient plus de monastères. Seuls,
les maçons écossais étaient encore prospères car les grands
édifices religieux de leur pays avaient été bâtis peu avant la
Réforme. A Londres, la franc-maçonnerie, de 1685 à 1702, était
dirigée par le fameux architecte de la cathédrale St-Paul, Sir
Christopher Wren.