PAYSAGE MAÇONNIQUE FRANÇAIS LA 4 ème VOIE DE LA GL-AMF


Tableau des planètes de la Franc-Maçonnerie française

Sous ce titre, le blog Hiram.be, le plus ancien et le plus visité de la blogosphère maçonnique, publie de larges extraits d’un article de notre VF Francis Bardot paru dans le dernier numéro des Cahiers de L’Alliance. (Cahiers n°6, juin 2020, « Le sens de l’Honneur »)

Il développe dans ce texte la composante essentielle de l’identité de la GL-AMF qui fonde sa spécificité dans la Franc-maçonnerie française.

Vous trouverez ci-dessous le document de synthèse sur la voie initiatique singulière que propose L’Alliance et qui nous rassemble dans un même projet.
« L’ALLIANCE » ET SA SPÉCIFICITÉ : LA 4e VOIE

   Jusqu’à ces tout derniers temps, la diversité – et la concurrence - des obédiences maçonniques s’était organisée autour de critères récurrents :
1 - croyance en Dieu, en un GADLU, totale indifférence ou négation,
2 – régularité et reconnaissance par la Grande Loge Unie d’Angleterre,
3 – visée spirituelle : se transformer pour œuvrer à la transformation du monde
     ou  sociétale : transformer les autres par les institutions.
 
            Ces critères sont progressivement devenus obsolètes par :
- l’affaiblissement des religions dans les sociétés occidentales
- l’absence de ces concepts dans la culture et les préoccupations de la plupart de nos contemporains
- la prise de conscience par les autres de leur caractère  flou et ambigu
- le caractère obsolète de toute une maçonnerie anglo-saxonne
- la vogue des voies spirituelles orientales et de leurs techniques méditatives ou corporelles
- la promotion de spiritualités sans transcendance chez nombre de philosophes médiatisés
 
Par conséquent, une Maçonnerie initiatique de tradition, proposant à des hommes et femmes du XXIe siècle la transmission d’une influence spirituelle et tenant compte de toutes ces évolutions, se doit :
1 – de définir ce qu’elle entend par spiritualité
2 – de préciser ce qu’elle entend par Tradition
3 – de lister les exigences et conditions d’une Initiation
 
Spiritualité.
Chaque individu peut considérer sa place parmi ses semblables :
  • soit comme celle d’une pierre dans le tas d’une carrière
  • soit comme une pierre de cathédrale.
La spiritualité est le fait de ceux qui imaginent, espèrent, pressentent ou éprouvent que le monde et eux-mêmes sont par essence plus que ce qu’ils sont. Ainsi des sages, poètes, artistes, mystiques et initiés. Elle est une vision du monde réanimée par l’intelligence contemplative, qui perçoit l’unité dans les apparences du multiple.
 
 Tradition. Elle est un commun immémorial idéalisé, dont le germe transfigure la dimension transitoire du présent et le rend apte à fonder un projet qui le reconduise vers l’éternel.   
 
Dès lors, à une Maçonnerie dont le projet est, au XXIe siècle, de transmettre par initiation une influence spirituelle qui postule un monde d’en haut, s’impose d’affronter deux questions que tout le monde porte sans vouloir les formuler :  
 
1 - le monde d’en haut implique-t-il l’existence d’un au-delà au sens religieux ;
2 - une démarche spirituelle est-elle conciliable avec l’idée que l’homme est la seule mesure de l’homme.

*
*   *

3 TYPES DE RÉPONSE FONDENT LES 3 TYPES D’OBÉDIENCES FRANÇAISES :
 
1 – La Franc Maçonnerie“ n’a rien à faire avec Dieu: Ces bases claires permettent aux Frères et Sœurs  qui les adoptent d’accomplir un travail visant au bonheur de l’humanité. La seconde question ne s’y pose plus. Les vertus civiques recherchées sont au service de valeurs expérimentées au sein de l’obédience, qui souhaite en promouvoir les formes dans la société.
Question : à quel mystère s’initie-t-on pour réfléchir sur la société ?
 
2 - La Franc-maçonnerie“ a pour base la croyance en Dieu“: Le monde d’en haut est un ciel habité par Dieu. Cette croyance est la clé d’entrée dans l’obédience, et le critère de régularité fixé au 18e siècle. Le oui à la première question induit un non à la deuxième. Les vertus maçonniques seront ici celles des religions.
Questions :
  • que répondre à la remarque d’Einstein  “Dis-moi ce que tu entends par Dieu, je te dirai si j’y crois“, d’autant que les controverses théologiques sont ici, et à juste titre, interdites.
  • À quels mystères s’initie-t-on quand le principal d’entre eux a reçu une réponse dogmatique ?
 
3 – Le Grand Architecte de l’Univers“ : héritières revendiquées des Lumières tout en assignant à leur démarche symbolique le Principe d’un Grand Architecte conçu par la raison, d’autres obédiences adoptent une maçonnerie dont la dominante est philosophique, puisque seule démarche partagée par l’ensemble de ses membres. Il s’agit alors d’une fraternité de sagesse.
Questions :
  • Les Lumières impliquant que l’homme est la seule mesure de l’homme, où se situe l’humilité, vertu essentielle à toute démarche spirituelle authentique ?
  • Comment vivre une initiation aux mystères de la destinée humaine au sein d’une fraternité où beaucoup pensent qu’elle vient du hasard pour aller vers le néant ?
 
LA VOIE SINGULIÈRE DE LA FRANC-MAÇONNERIE INITIATIQUE DE TRADITION
 
Une quatrième voie s’ouvre aux hommes et femmes désireux de s’exercer aux vertus par lesquelles l’intelligence contemplative, symbolique, rituelle et initiatique prend le relai des concepts, passant des sciences du comment aux mystères du pourquoi :

- d’une part, en répondant que le monde d’en haut, sans lequel il n’est de spiritualité, peut être tout autre chose que religieux. (Celui des poètes, des mystiques et des initiés. )

-d’autre part, en affirmant qu’une démarche authentiquement spirituelle est radicalement incompatible avec l’idée que l’homme est la seule mesure de l’homme. La fraternité initiatique sans référence au monde d’en haut peut très bien n’être que le substitut identitaire collectif d’un moi que panique la perte du pouvoir de la raison confrontée au mystère.
 
            L’initiation aux mystères par cette 4e voie   s’impose au moment précis où le symbole et le rituel doivent permettre à l’intelligence contemplative de prendre le relai de la rationalité discursive frappée d’incomplétude : tout ne peut être réduit aux dimensions de notre propre intelligence conceptuelle.

Décider que l’homme ne peut avoir que l’homme pour mesure, loin de le libérer, le ferme définitivement à la vertu-clé de toute quête spirituelle, connaissance de soi, écoute de l’autre et dialogue avec l’univers : l’humilité.
 
*
*    *
Cette quatrième voie semble bien, par son caractère ouvert, a-dogmatique mais authentiquement initiatique, particulièrement adaptée au monde de notre temps. Elle fait appel tout ensemble aux philosophe, mystique, poète, artiste, sage, qui cohabitent en des proportions infiniment variables en chacun d’entre nous, et dont nous découvrons en loge chez nos Frères les fascinants absents de chez soi !
 
Si la Franc-maçonnerie est une fraternité de pèlerinage reposant sur la certitude que, pour accomplir la dignité humaine potentiellement déposée en moi à ma naissance, l’expérience des autres me manque, elle ne peut que s’épanouir dans une obédience s’offrant comme plus grand dénominateur commun à des profanes dont la seule identité partagée serait alors celle de leur semblable réponse aux deux fameuses questions.
 
La Franc-maçonnerie initiatique de Tradition s’adresse à la part sacrée de chacun, et offre un lieu d’exercices spirituels où se cultivent les vertus maçonniques :
 
- La Force y est force d’âme, mise en chemin, abandon de toute forme de métaux, voyages symboliques, force envers le moi synonyme d’humilité. Son contraire est parfois nommé ambition, au sens réel de vanité, mère de tous les vices.
- La Prudence est connaissance de soi, sagesse, mémoire du beau, sagesse des origines, culture humaniste, expérience spirituelle. Son contraire est l’ignorance, qui n’est pas un non-savoir, mais bien le vice de tout réduire à l’idée qu’on s’en fait : le moi, l’autre, le monde et Dieu
- La Tempérance est l’idée que l’on ne gagne en dignité humaine que par détachement de l’avoir ;  elle est contemplation, sobriété, respect de soi, de l’autre et de la nature. Son contraire est avidité, concupiscence, et fanatisme.
- La justice est la conséquence directe de la mise en pratique des autres vertus et l’assimile à la justesse, et à la vérité. Son ennemi n’est pas l’erreur, mais bien le mensonge
 
            Ainsi définies, chacun trouvera facilement en quoi ces vertus sont autant de réponses aux problèmes qui agitent nos contemporains
 
 
Francis BARDOT
10 Juillet 2020



Le sens de l'Honneur une force d'âme qui oblige, avec :
Alexandre Adler - Francis Bardot - Claude Beau - François Bnhamou -
- Christophe Calame - Jean Dumontheil Jean-Claude Guillebaud -
- Eric de Montgolfier - Corine Pelluchon - Natacha Polony

Retrouvez le texte intégral en commandant ce numéro des Cahiers de l'Alliance sur : Numérilivre -Franc-maçonnerie, Alchimie, Ésotérisme ou Eosphoros



Commentaires